Floraisons baroques

La paix retrouvée à Strasbourg

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Nous sommes en 1650. L’Alsace se relève tout juste des sévices de la guerre de 30 ans.
La paix retrouvée voit les arts refleurir, et tout particulièrement la musique qui s’ouvre à l’influence italienne.

Entre catholiques et protestants, empire des Habsbourg et couronne de France, Strasbourg conserve son indépendance qui la faisait comparer par Erasme à la République idéale de Platon.

Originaire de Haguenau, organiste et bassoniste virtuose, Philipp Friedrich Böddecker est alors un musicien très prisé. Son talent de compositeur lui permet de gravir les échelons jusqu’au poste de maître de chapelle de la cathédrale de Strasbourg.

Il publie en 1651 son recueil Sacra Partitura, ouvrant la voie à une nouvelle musique profondément rhénane et baroque. La vocalité, italienne et virtuose, y délivre les premiers concerts sacrés en langue allemande publiés à Strasbourg aux côtés de psaumes en latin.

  • Ulrike Hofbauer, soprano
  • Marie Garnier, cornet à bouquin
  • Alice Letort, théorbe
  • Kevin Bourdat, viole de gambe
  • Francis Jacob, orgue (selon configuration)

La densité et l’économie de moyens qui caractérisent la Sacra Partitura, échos d’une société profondément meurtrie par la guerre, offrent aux musiciens une grande liberté d’interprétation.

Ils mettent en valeur les cornets à bouquin de Marie Garnier et la viole de gambe de Kevin Bourdat, instruments rois dans l’Alsace de cette époque, en leur confiant alternativement des rôles de solistes et d’accompagnateurs.

La soprano Ulrike Hofbauer met sa grande expérience de la vocalité du premier baroque et son intelligence expressive au service de ces œuvres injustement méconnues, dont le jeu fin et nuancé de la théorbiste Alice Letort sublime les contrastes et les subtiles harmonies.

Héritier de la prestigieuse école d’orgue alsacienne ainsi que facteur d’orgue et professeur à Strasbourg, Francis Jacob incarne dans ce projet l’idéal du maître de chapelle, à l’image de Böddecker lui-même.

En alliant l’exigence de l’interprétation historiquement informée à une inventivité au service des œuvres, l’ensemble Double Face offre avec « Floraisons baroques » un témoignage précieux de la spécificité et du dynamisme musical strasbourgeois du milieu du XVII° siècle.

Philipp Friedrich Böddecker – Sacra Partitura – Strasbourg 1651

Hæc est dies quam fecit Domine
Christ lag in Todesbanden
Sonate pour violon
O Vater aller Frommen
Variations sur La Monica
Veni Salvator hominum

Vincenz Jelich – Motets, 1622

Benedic Domine
Ricercar secondo

David Thoman – Motets, 1643

Domine non sum dignus
Decantabat populus Israël

Ce programme a été donné à l’église de Bitche
à l’occasion de l’anniversaire de ses 250 ans

6 mai 2025 – Mosaik Cristal